Déjouer la rusticité des plantes

La rusticité des plantes détermine leur capacité à survivre dans un climat froid. La baisse progressive des températures et de la luminosité, ainsi que le raccourcissement des journées, indiquent aux végétaux que l’hiver approche. Ils stoppent toute croissance et entrent ainsi progressivement en dormance pour limiter les dépenses énergétiques. En arrêtant la croissance, le végétal ne dépense pas d’énergie à produire des tissus qui seront facilement abîmés par le gel. Les végétaux restent cependant actifs. La température de l’arbre étant la même que la température extérieure, ils n’ont alors qu’un objectif : se protéger pour pouvoir continuer leur croissance dès le printemps revenu.

Les plantes et l’hiver

Les plantes ont différents comportements en hiver.

Les plantes annuelles ont un cycle de vie d’une seule année et meurent après s’être reproduites. Si en règle générale elles meurent avant l’hiver, certaines ont les mécanismes nécessaires pour le passer (blé d’hiver).

Les plantes bisannuelles ont un cycle de vie sur deux années. La première, elles développent les réserves des racines pour passer l’hiver, puis elles fleurissent l’année d’après pour se reproduire.

Les herbacées sont vivaces, mais la partie aérienne non ligneuse disparaît entièrement pendant l’hiver pour réapparaître au printemps suivant. La plante passe ainsi l’hiver bien au chaud dans la terre !

Les arbres et arbustes protègent leurs bourgeons avec des écailles, pour pouvoir se réveiller au printemps. La sève continue de circuler des racines jusqu’aux branches afin de maintenir la respiration des cellules. Les arbres et arbustes caduques perdent leurs feuilles l’hiver afin de limiter les dépenses énergétiques et les pertes par évaporation. Les arbres et arbustes persistants peuvent continuer la photosynthèse mais de manière très ralentie.

Romarin moyennement rustique

Les processus génétiques de rusticité

C’est dans la génétique des végétaux qu’est déterminée sa résistance au gel, sa capacité à déclencher les mécanismes qui lui permettront de survivre aux températures basses.

L’endurcissement, déclenché grâce à la baisse progressive des températures, permet à la plante de produire des glucides solubles qui augmentent la tolérance des cellules et des tissus du végétal au froid. En synthétisant ces sucres plus petits et plus solubles, les végétaux abaissent progressivement le point de gel des cellules. Agissant comme un anti-gel, ils diminuent ainsi la température de cristallisation, et la quantité de glace formée.

C’est cette propriété, inscrite dans les gênes de l’arbres qui détermine la rusticité du végétal.

En fin d’hiver, l’arbre procède à la réparation et la production des vaisseaux assurant la circulation de la sève. Un mélange d’eau et de sève sous pression va permettre de chasser les bulles d’air issues du gel et dégel afin de les déboucher.

La rusticité des végétaux

La rusticité est propre à chaque variété. C’est une indication pour le jardinier, à consulter lors du choix d’une plante, parmi les nombreux autres critères (pluviométrie, type de sol, durée d’ensoleillement…). La rusticité des plantes est généralement indiquée par une température minimale supportée par le végétal. Pour connaître une estimation des températures minimales de votre lieux de plantation, vous pouvez consulter la carte des zones USDA. Mais rien ne remplacera votre expérience et votre connaissance, années après années, de votre emplacement. En permaculture, l’observation est un paramètre important et perpétuel !

Si vous habitez dans une région où les périodes de gel s’éternisent au printemps, ne plantez pas des fruitiers avec une floraison trop précoce: vous risqueriez de perdre vos fleurs, et donc vos fruits…

Déjouer la rusticité

Vous ne pouvez pas influer sur la génétique du végétal, et donc sa résistance au froid. Par contre, en choisissant méthodiquement les conditions de culture, vous pouvez influer sur le micro-climat de votre végétal, et ainsi repousser ses limites. Votre marge de manœuvre est bien sûr limitée, et seules les plantes proches de votre zone de rusticité peuvent être adaptées.

Plusieurs facteurs peuvent défavoriser vos plantes l’hiver. Un végétal planté en pot subit plus le gel qu’un autre en pleine terre. La plupart des végétaux n’aime pas avoir les racines dans l’eau stagnante, particulièrement en hiver : choisissez des végétaux adaptés aux particularités de votre sol et plantez-les dans un endroit bien drainé (ou surélevez votre plantation si nécessaire). L’âge du végétal influe aussi sur sa résistance : paillez-le les premières années après la plantation.

La neige permet d’isoler le sol des températures inférieures : planter des végétaux bas en montagne permet d’élargir la palette de végétaux disponibles pour votre climat. Ils seront de plus moins soumis aux vents.

Le vent abaisse la température ressentie pour les humains, mais aussi pour les plantes. Les effets sont encore plus importants sur les plantes en pot. Installez vos plantes moyennement rustiques et les fruitiers à floraisons précoces à l’abri des vents dominants (consultez les statistiques des vents en hiver sur certains sites météo) : Plantez des haies brise-vent, installez des protections (palissades par exemple), ou plantez-les le long d’un mur existant. Une végétation dense permet également d’atténuer les oscillations thermiques, pourquoi ne pas planter une forêt-jardin pour densifier les végétaux comestibles récoltés et augmenter la résilience des végétaux ?

Ainsi, une plante moyennement rustique plantée à l’abri des vents hivernaux et au pied d’un mur accumulant la chaleur la journée aura des chances de pouvoir s’installer durablement.

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