Apprivoisez votre sol en permaculture

Connaître son sol en permaculture est une étape à ne pas négliger quand on souhaite avoir un jardin naturel. En effet, en tant que support de culture votre sol peut-être votre meilleur allié à conditions de bien connaître ses faiblesses. En apprenant les caractéristiques de votre sol, vous pouvez ainsi optimiser l’arrosage de vos végétaux. Vous pouvez également choisir des plantes adaptées à vos conditions pédo-climatiques. Enfin, au moyen d’un paillage adapté vous pouvez enrichir et alléger votre sol. Le sol en permaculture a un rôle primordial. Adaptez vous à ses caractéristiques , il vous aidera ainsi à produire plus.

Qu’est-ce qu’un sol?

Mais si, souvenez-vous de vos cours de SVT. Un sol évolue continuellement. Il est constitué à la fois de matières minérales issues de la dégradation de la roche mère située en-dessous (ou de matériaux alluvionnaires déposé par les cours d’eau/glaciers), et de matières organiques provenant des débris de plantes, champignons, animaux. Le sol (pédologie) est la partie supérieure de la croûte terrestre, il se forme lorsque la roche mère commence à se dégrader. En France, les sols ont de 100 à plus de 100 000 ans… Selon John Jeavons « il faut en moyenne 500 ans pour produire 2,5 cm de terre fertile ; il faut, de plus, environ 15 cm de terre fertile pour produire de bonnes plantes en agriculture. Cela veut dire que l’élaboration d’un bon sol agricole requiert 3000 années ».

Véritable patrimoine, support de notre alimentation, il est de notre devoir d’en prendre soin… Et la meilleure façon de chouchouter son sol en permaculture, c’est de bien le connaître.

Les différents horizons du sol

Pour bien connaître votre sol, sachez tout d’abord qu’il est constitué de plusieurs horizons (couches) dont la composition diffère en fonction du taux de dégradation de la roche mère et des apports en matières organiques.

Horizons inférieurs

Ces sont les horizons en contact avec la roche mère, ou les plus proches. L’activité biologique y est restreinte, ainsi que les échanges gazeux. Il est essentiellement composé de matières minérales plus ou moins altérées. Seules quelques racines des grands arbres y pénètrent.

Horizons supérieurs 

Les horizons supérieurs sont les couches dans lesquelles se produisent la plupart des réactions biologiques. La concentration en matières organiques y est donc importante. Il peut être divisé en deux couches :

  • L’horizon A, qui est l’horizon supérieur. La plupart des plantes potagères évoluent uniquement dans cet horizon.
  • L’horizon B, qui est situé en-dessous de l’horizon A. Il se différencie par l’accumulation des minéraux lessivés de l’horizon A. Ce sont les arbres et les arbustes qui évoluent dans cet horizon.

L’horizon à considérer en détail pour votre jardin naturel est votre horizon supérieur. Pour connaître votre sol, vous pouvez faire réaliser une analyse de sol en laboratoire. Sinon quelques éléments importants de votre sol sont facilement estimables, comme le pH et la texture du sol (articles pratiques à venir).

Les caractéristiques d’un sol en permaculture

Le pH du sol

Connaître son sol : Mesure du pH

Le pH du sol indique en fonction de la quantité d’ions H+ si un sol est acide (pH<7), neutre (pH=7) ou basique (pH>7). Il est le résultat d’une évolution très lente entre l’activité biologique (qui produit une acidité), la vitesse de dissolution des roches (qui, sauf exception, produit de l’alcalinité) et le drainage des sols (qui élimine ou non l’alcalinité ou l’acidité). Le pH est fortement influencé par la nature de la roche mère. Une roche se dégradant facilement (roche mère calcaire) induit un pH élevé, alors qu’une roche se dégradant lentement (granit) induit un pH bas. Pour découvrir ce que vous avez sous les pieds, consultez les cartes géologiques du BRGM en ligne. Attention, certains sols ont été remaniés par l’homme: votre sol n’est peut-être pas celui issu de la roche mère …

Le pH subit des variations dans les saisons (en hiver, l’activité biologique est réduite) de l’ordre de 0,5 point maximum. La quantité d’argile et d’humus qui forment le Complexe Argilo-Humique (CAH) permettent de réguler le pH grâce à son effet tampon (porteur de charges négatives, c’est un lieu d’échanges avec les cations).

Connaître le pH du sol en permaculture est important, car certaines plantes n’arrivent pas à se développer en sols acides, alors que pour d’autres, c’est en sols basiques. Si le sol est trop acide, les minéraux (Ca2+, Na+, K+…) peuvent être lixiviés (partir dans les horizons inférieurs) induisant des carences pour certains végétaux. En sol fortement acide (pH<5,5), l’aluminium, toxique pour les plantes, peut-être solubilisé. Alors que d’autres éléments comme MgO ou P2O5 peuvent être bloqués dans un sol basique.

Consultez notre article pour estimer le pH de votre sol facilement, et comprendre les conséquences du pH dans votre pratique de la permaculture.

La granulométrie du sol

La granulométrie du sol permet d’informer sur le potentiel de fertilité du sol (réserves en eau, sensibilité à l’érosion, fixation d’éléments nutritifs), sur la stabilité structurale du sol (façon dont sont agencés les éléments du sol entre eux), et de définir la texture selon les différents éléments minéraux qui la constitue : sables, limons, argiles.

Radis givré

Sables (>50  µm): les sols sableux ont une mauvaise capacité de rétention de l’eau, une action sur la structure du sol faible et ne fixent pas les éléments nutritifs pour les plantes. Les légumes racines et les asperges vont s’y plaire, à conditions d’enrichir le sol régulièrement avec des matières organiques équilibrées (en prévoir encore plus si le sol est non calcaire).

Limons (de 50 à 2  µm): les sols limoneux ont une bonne capacité de rétention de l’eau, une action sur la structure du sol importante (bonne ou mauvaise) et fixent peu les éléments nutritifs pour les plantes. A condition d’apporter des matières organiques équilibrées, un sol limoneux est propice à tous les légumes (en prévoir encore plus si le sol est non calcaire) .

Argiles (<2  µm): les sols argileux ont une forte capacité de rétention de l’eau (parfois trop), ont une action sur la structure du sol qui peut être intéressante et fixent les éléments nutritifs du sol grâce au complexe Argilo-Humique. Les éléments nutritifs sont moins lessivés que les autres sols: l’apport en matières organiques équilibré doit être fait de manière plus modéré (en prévoir un peu plus si le sol est non calcaire). Les légumes aimant les sols lourds vont s’y plaire : cardons, artichauts, chicorées, aubergine, tomate, épinards, fabacées.

Les sols sont majoritairement un mélange de ces trois éléments, apportant chacun des caractéristiques complémentaires.

Consultez notre article pour découvrir la composition de votre sol et apprenez à en tirer tous les bénéfices pour vos récoltes.

Les plantes bio-indicatrices

Et si les plantes spontanées étaient les meilleurs espions pour connaître son sol?

Les plantes bio-indicatrices sont des plantes qui poussent dans des conditions particulières. Ainsi, lorsqu’on les retrouve, on peut en déduire certaines caractéristiques du sol. Cependant, pour être prises en compte, ces caractéristiques doivent être représentatives : l’espèce doit être présente en abondance, et plusieurs espèces doivent pointer une même caractéristique.

Les plantes bio-indicatrices permettent de déduire le pH du sol, la quantité de matières organiques végétales (carences ou excès), la quantité d’azote (carence ou excès), le compactage des sols, l’hydromorphie (présence d’eau en excès ou manque d’eau).

Pour en savoir plus, consultez les encyclopédies des plantes bio-indicatrices.

Connaître son sol : observez- le !

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