Design de Permaculture au balcon
Le design de Permaculture au balcon fait suite à la présentation des principes de Permaculture appliqués au balcon. Je vous propose ici de voir en détail certains éléments qui peuvent constituer votre design de Permaculture au balcon (eh oui, en Permaculture, un plan d’ensemble, ça s’appelle “design”).
Lorsque vous réalisez votre design de Permaculture au balcon, tout d’abord vous devez pouvoir affirmer pour chaque élément qu’il répond à trois contraintes:
- Réglementation (règlement de copropriété…)
- Nuisances : gardez de bonnes relations de voisinage, ne développez pas de nuisances (odeurs, eaux de ruissellement, déchets…)
- Sécurité : attention à tout ce qui peut tomber du balcon, mais également à la charge que peut supporter la dalle de votre balcon. Les pots les plus lourds (grimpantes fruitières, jardinières verticales) sont installés en bord de mur de l’appartement, et non pas en extérieur de balcon (peu importe par contre pour les toits-terrasses ou des loggias qui sont supportées sur les quatre côtés).
Je vous propose de voir ensemble dans le détail quelques éléments qui peuvent constituer votre design de Permaculture au balcon, ainsi que des pistes pour répartir judicieusement vos plantes dans les jardinières.
La récupération des eaux pluviales
L’eau, indispensable à la vie… Sur un balcon, il y a de grandes chances pour que votre balcon soit abrité de la pluie, vous constituer des réserves d’eaux pluviales est donc un élément qui peut avoir son importance. Pour 2m² de pots cultivés sur un balcon, vous allez utiliser environ 40 l tous les 3 jours en plein cœur de l’été. Avec une cuve de 200 l pleine, vous aurez une autonomie de 15 jours. Le remplissage de votre récupérateur dépend de la surface du toit raccordée à votre gouttière, et de la pluie. Si vous êtes en immeuble, vous avez sûrement une grande surface de toit raccordée, et donc un potentiel de remplissage important.
Les bacs de culture
Bien sûr, si vous souhaitez mettre en place la Permaculture au balcon, c’est que vous souhaitez obtenir une production. Il faut donc aussi penser au choix de vos bacs et à ce que vous allez mettre dedans.
Choix des bacs
Le choix des contenants doit tenir compte du poids que la dalle de votre balcon peut supporter : mieux vaut donc choisir des contenants légers (oubliez la terre cuite, sauf pour de petits volumes). Choisissez des pots qui reposent sur le sol sur toute la surface. Si ce n’est pas le cas, posez votre jardinière sur une plaque imputrescible pour répartir la charge sur une plus grande surface. Un réceptacle posé en-dessous de vos jardinières doit pouvoir récupérer les eaux de ruissellement afin qu’elles ne ruissellent pas chez les voisins ou dans la rue. Si vous réalisez vos propres bacs, pensez aux wicking bed. Ce sont des bacs avec réserve d’eau intégrée, l’eau remonte par capillarité quand les plantes en ont besoin.
Choix des substrats
Le substrat doit idéalement présenter plusieurs caractéristiques: retenir l’eau, mais être drainant; distribuer des nutriments aux plantes. Pour cela, l’idéal est d’avoir un substrat riche en matières organiques (compost mâture ou lasagnes), avec un peu de matières minérales (terre végétale), et des éléments grossiers pour permettre le drainage et alléger le poids des jardinières. En effet, un litre de terre mouillée pèse environ 1,7kg, on atteint alors vite le poids limite de la dalle béton ( en général 350kg/m² ) sans parler du poids des plantes… Pour alléger votre substrat, intégrez par exemple des tuiles ou des pots en terre cuite cassés en petits morceaux, ou utilisez des billes d’argile.
L’amendement des sols
Lorsque vous exportez des nutriments (c’est le cas en récoltant votre production), vous devez penser à rendre ces nutriments au sol au moyen par exemple du compostage de surface, d’apport de compost mûr, de déjections animales (y compris vos urines !) et en paillant vos jardinières. Le paillage permet en plus de réduire les arrosages en conservant l’humidité (consultez mon article à ce sujet) , ce qui est important pour des plantes en pot.
Les composteurs d’appartement
Pour valoriser vos déchets de cuisine, compostez-les chez vous. Choisissez un lombricomposteur ou un seau où vous pulvérisez un accélérateur de compost qui favorise le développement des micro-organismes utiles à la dégradation des matières organiques (acheté ou réalisé vous même avec un purin de plante adaptée).
Les jardinières à compostage intégré
Pour valorisez vos déchets organiques, vous pouvez par exemple choisir des jardinières à compostage. Inspirées des Keyhole Garden, elles sont très intéressantes puisque ce sont les vers qui dégradent et répartissent les nutriments dans la jardinière grâce à leurs déplacements. Elles peuvent être verticales ou sous la forme d’une jardinière plus classique avec un composteur keyhole intégré.
La jardinière avec composteur intégré est considérée comme une charge lourde et doit donc être placée en bord de balcon (le long d’un mur). Sa hauteur doit rester raisonnable, pour limiter le poids et pour que l’accès au compost soit facile (60 cm de haut). Attention, le compost, c’est comme le paillage, il faut garder un rapport C/N équilibré sous risque de voir des odeurs se développer et perdre une valeur de votre compost. Le rapport C/N doit être compris entre 25 et 35 (Consultez l’article sur le paillage, et le rapport C/N n’aura plus de secrets pour vous). Pour des cultures verticales, choisissez des fraisiers, particulièrement bien adaptées si la jardinière est bien ensoleillée. Complétez avec des fleurs (la bourrache borago officinale améliore la pollinisation des fraises en attirant les insectes), et des plantes qui n’ont pas besoin de beaucoup de sol.
Le choix des plantes
Adaptez les plantes de votre design en Permaculture au balcon aux contenants que vous avez choisi, et à leurs besoins en arrosage. Commencez par placer les plantes les plus exigentes (profondeur de sol, arrosage, soleil), puis complétez avec les plantes moins exigentes.
Plantes de sol profond
Certaines plantes comestibles ont besoin d’un sol profond pour se développer correctement : la tomate, le poivron, le melon, le potiron, le concombre, le houblon, le kiwi, le kiwaï, le groseillier, le framboisier, l’agastache.
Besoins en eau réguliers
Les fraisiers, le basilic, la boulette, la menthe, le houblon, les salades, les radis, les capucines nécessitent un arrosage régulier, contrairement à l’oignons, l’ail, le thym, le romarin, la sauge.
Plantes de sol peu profond
Certains végétaux se contentent d’un sol peu profond: les fraises, les salades (laitues, chicorées, mâches, mescluns), les épinards, le basilic, la ciboulette, la menthe, l’ail et les oignons, les poireaux, les haricots et pois, le chou rave, la bourrache, les œillets d’Inde, la violette, les capucines, le cerfeuil, la sauge, la camomille romaine.
Placez-les dans les jardinières peu profondes (jardinières verticales, jardinières surélevées) ou bien en association avec d’autres plantes, dans des jardinières plus profondes.
Les cultures verticales
Lors de votre design de Permaculture au balcon, pensez à verticaliser vos cultures et ainsi augmenter le volume cultivable.
Les jardinières verticales
Les jardinières verticales sont un bon moyen d’augmenter la surface de culture. Vous pouvez la créer vous-même avec des palettes verticales par exemple. Choisissez d’y planter des espèces ne nécessitant pas beaucoup de sol.
Les plantes retombantes
Des plantes retombantes peuvent aussi être accrochées au plafond du balcon en pot : tomates, fraisier mount everest, romarin rampant. L’arrosage sera par contre plus acrobatique.
Les plantes grimpantes
Les plantes grimpantes fruitières (kiwi, kiwai, vigne) permettent d’obtenir une bonne production avec une emprise au sol limitée, mais elles nécessitent un treillis solide. Si vous souhaitez une plante qui apporte de l’ombrage en été, mais qui laisse entrer la lumière, pensez au houblon: mené sur des supports verticaux, il a une croissance impressionnante et disparaît l’hiver. Il est par contre très gourmand en eau. Les cônes de houblon ont de très bonnes propriétés médicinales contre le stress et l’anxiété. Vous pouvez en plus consommer ses jeunes pousses comme des asperges. Pour la bière par contre, ce sera plus compliqué de faire pousser aussi de l’orge sur le balcon… Mêlez-y des capucines, des mini-concombre (Melothria scabra) qui grimperont sur le houblon.
Les associations et l’étalement des cultures
Intensifiez vos cultures au niveau occupation de la surface : n’hésitez pas à planter des végétaux qui n’occupent pas une grande partie du sol aux pieds de vos tomates, poivrons, aubergines … Intensifiez également vos cultures au niveau temporel : pourquoi ne pas planter des radis avant votre pied de tomate et finir l’automne avec des épinards ?
Évitez par contre de planter côte à côte ou de se faire succéder des végétaux de la même famille (par exemple épinards, bettes et betterave, ou radis, choux et roquette), car ils ont en général les même prédateurs, et des besoins en nutriments assez similaires.
La biodiversité
La faune peut vous rendre de nombreux services: diminution des prédateurs, pollinisation de vos fleurs … Réservez des espaces sur votre balcon pour lui offrir gîte et couvert. Installez des fleurs pour nourrir les insectes, et ainsi nourrir le reste de la chaîne! Vous pouvez attirer sur vos balcons insectes, oiseaux et même chauve-souris (qui se régalent de mouches et moustiques!). Pour les oiseaux et les chauve-souris, il vous faudra construire les gîtes ou nichoirs. Pensez à installer des supports en-dessous pour récupérer leurs déjections… et réutilisez-les dans vos jardinières, c’est un engrais de choix !