Les fruits en permaculture urbaine

Les fruits en permaculture urbaine

Cultiver des fruits en milieu urbain ne semble pas vraiment adapté au premier abord. Pour récolter des fruits, on imagine plutôt de grands et beaux vergers exposés en plein soleil. Pourtant, en choisissant bien les espèces et les variétés, vous pouvez vous aussi récolter des fruits en permaculture urbaine. En premier lieu, il s’agit de se mettre d’accord sur la définition du fruit, car pour le botaniste ou pour le gastronome, ce n’est pas vraiment la même chose. Puis, découvrez les fruits que vous pouvez faire pousser dans votre jardin de ville, sur une terrasse ou un balcon. Intéressez-vous notamment aux petits fruits, mais également aux plantes grimpantes et aux arbres greffés.

Fruits ou fruits ? Il y a comme un pépin !

Le débat récurrent sur la tomate l’illustre bien, il y a fruits et fruits, et cela a bien embrouillé tout le monde. Le fruit du gastronome, qui fait référence à une saveur sucrée, n’est pas toujours le même que celui du botaniste. Pour ce dernier, il s’agit de l’organe végétal qui succède à la floraison après fécondation des fleurs. Sur les fruits charnus (en opposition aux fruits secs) on mange leur enveloppe renfermant les graines. Dans cette catégorie, on y retrouve effectivement la tomate aux côtés des pommes, pêches, cerises… Mais ce n’est pas le seul légume concerné : la courgette, l’aubergine, ou encore la courge font également partie de cette catégorie. La fraise par contre, avec ses graines à l’extérieure de l’enveloppe charnue n’est pas un fruit, mais un faux-fruit.

La baie quant à elle est bien un fruit dont l’endocarpe des graines (leur enveloppe) est également charnue. Notre fameuse tomate en fait partie, au même titre que les groseilles, les cassis ou encore les kiwis. Lorsque l’endocarpe n’est pas charnue, on parle alors de drupe ou de fruit à noyaux : pêche, abricot, mangue. La pomme se range également dans cette catégorie puisque ses graines sont entourées d’un endocarpe cartilagineux. Il s’agit du trognon contenant les graines.

Bref, pour faciliter les choses, les fruits de cet article font référence à un aliment sucré, en opposition aux légumes (qui lui n’a pas de valeur botanique).

Les petits fruits en permaculture urbaine

Avec leur taille compacte et une hauteur inférieure à deux mètres, les petits fruits sont les candidats idéaux pour une production de fruits en permaculture urbaine. L’espace requis est moindre et certains peuvent pousser en pot. Pensez cependant à leur apporter régulièrement du compost pour obtenir une belle fructification.

Groseillier, cassissier et casseillier

Ils se satisfont d’une exposition mi-ombre (4 à 6h de soleil par jour) et aiment un sol frais. Ils peuvent être plantés dans des larges pots (profondeur de 50 cm minimum). Paillez-les avec un paillage organique ou avec des couvre-sols comestibles (les fraisiers des bois exemple). Des arrosages réguliers sont nécessaires. Pour une meilleure production, il est conseillé de planter plusieurs variétés différentes aux floraisons simultanées. Donc si vous manquez de place, concentrez-vous sur une seule espèce, déclinée en plusieurs variétés.

Les petits fruits en permaculture urbaine : le groseillier

Les petits fruits de sol acide

Les bleuets (myrtilles américaines), canneberges ou encore les airelles poussent uniquement sur sols acides. Si vous souhaitez les planter en pot, choisissez un large pot (minimum 50 cm de profondeur) et remplissez-le d’un mélange de terre de Bruyère (minimum un tiers), de terre végétale et de compost. Ils sont rustiques et aiment les sols frais.

Les ronces : framboisiers et mûriers

Les ronces en milieu urbain : le framboisier

Les ronces préfèrent un sol neutre ou acide plutôt frais. Les tiges ont une durée de vie brève, et sont taillées une fois sèches. Les variétés remontantes produisent deux récoltes (au printemps et à l’automne), alors que les non remontantes produisent plus mais sur une seule période de l’année.

Les petits fruits atypiques

Pour plus d’originalité, optez pour des petits fruits atypiques mais parfaitement adaptés à la plupart de nos climats. La baie de mai, appelée également camerisier, est un petit fruit qui mûrit tôt dans la saison aux accents de myrtille et de kiwi. Elle aime les sols riches et frais. La baie de goji est un arbuste vigoureux, à palisser contre un mur. Les bienfaits de ses petits fruits séchés ne sont plus à présenter. Le ragouminier quant à lui résiste à la sécheresse, un bon point pour des plantes en pot. Sa belle floraison est suivie de petits fruits acidulés. L’aronie à fruit noir supporte la pollution atmosphérique. Plutôt décoratif, ses petites baies possèdent de nombreuses qualités nutritives.

Les fruits en permaculture urbaine : la baie de mai ou camerisier

Les fruits issus de plantes grimpantes

La ville est un milieu vertical, il est donc logique de s’intéresser aux plantes grimpantes qui partent à l’assaut des murs, des balcons et pergolas, mais également d’une végétation déjà existante. Elles peuvent pousser en terre ou en pot, à condition de leur prévoir une profondeur suffisante et de leur apporter du compost régulièrement.

Les actinidias : kiwi et kiwai

Les fruitiers grimpants en milieu urbain : le kiwi

Les actinidias sont à la base des plantes dioïques : les fleurs mâles et les fleurs femelles ne sont pas portées sur un même plant. Pour avoir une bonne production, il vous faut planter un pied mâle pour 4 à 5 pieds femelles. En ville cela va être compliqué… Cependant certaines variétés sont autofertiles (les fleurs mâles et femelles sont sur le même pied). Si ces variétés produisent moins, cela vous fera tout de même une belle récolte de fruits en permaculture urbaine. Faites-les courir sur des treilles, une pergola, ou sur un mur pour gagner de la place.

Les fraisiers grimpants

Le fraisier de variété Mount Everest est grimpant si vous le tuteurez, ou retombant (dans des pots suspendus par exemple). Il peut atteindre une longueur supérieure à un mètre. Plusieurs pieds sont nécessaires pour obtenir une belle production. Pour mixer les variétés, construisez une tour à fraisiers. Les fraisiers aiment les sols riches et frais. Des arrosages sont indispensables depuis la floraison jusqu’à la fructification.

Construire une tour à fraisier
Construire une tour à fraisier

La vigne

Les fruitiers grimpants en ville : la vigne

La vigne est beaucoup utilisée pour apporter de l’ombrage dans des situations ensoleillées. Plantez-la en terre ou en pot (minimum 50 cm de profondeur) et prévoyez lui un support. La vigne saura l’utiliser pour se hisser et vous fournir de délicieuses grappes de raison. Pour cela, choisissez une vigne pour raisin de table, de préférence résistante aux maladies et adaptée à votre climat. Blanc, rose ou noir, il ne vous reste plus qu’à choisir votre raisin préféré.

Les arbres fruitiers en permaculture urbaine

Certains arbres fruitiers sont parfaitement adaptés à certains petits jardins ou pour des terrasses. Ils sont par contre non recommandés sur un balcon : la taille et le poids du pot sont trop importants. Mais si vous avez la chance d’être en rez-de-chaussée alors vous pouvez peut-être vous lancer dans l’aventure.

L’arbre fruitier en permaculture urbaine doit respecter plusieurs critères :

Un faible développement

Pour le pommier par exemple, le choix du porte-greffe est déterminant. Choisissez-le peu vigoureux (M9 ou M26). Si sa durée de vie en sera fortement impactée et réduite, sa mise à fruit se fera également plus rapidement. Certains agrumes ont aussi un faible développement : kumquat, citron caviar (attention aux épines !). En pleine terre, ils sont à réserver aux régions aux hivers doux. Il vous faut sinon le mettre en pot et le rentrer dans un endroit lumineux non chauffé en période de gel.

Un port et une taille adaptée

Enfin, choisissez un port adapté. Un fruitier basse tige (le tronc se sépare rapidement) permet par exemple de faciliter les récoltes et la taille. Un fruitier palissé prend moins de place puisqu’il est taillé sur un seul plan. Il est donc idéal pour un jardin de ville, ou une haie. Il nécessite cependant un support conséquent équipé de tuteurs (mur, treille). Une taille régulière est indispensable pour conserver la forme du fruitier. Les tailles en espalier les plus courantes sont la taille en cordon double, en palmette double U, ou encore en palmette verrier. Ces tailles se font couramment sur les pommiers, les poiriers ainsi que les pêchers.

Les fruitiers en espaliers
Dessin Gamm vert
Les arbres fruitiers en permaculture urbaine : le pêcher

Vous aimerez aussi...

3 réponses

  1. Haegelen dit :

    C’est marrant dès que l’on parle de maraîchage on parle de permaculture mais en réalité cette permaculture ça représente quoi dans la production de fruits et des légumes français rien du tout, heureusement que les professionnels n’ont pas adopté ce genre de pratique parce que sinon on aurait vraiment pas grand chose à manger

    • Perpétuelle dit :

      Bonjour,
      Pour répondre à vos interrogations, j’avais envie de citer une phrase du livre passionnant de Baptiste Morizot, Manières d’être vivant. Bien que ce livre ne soit absolument pas un livre sur la permaculture, j’ai aimé sa façon d’en parler, peut-être cela peut-il vous aider à comprendre cet engouement pour la permaculture : “Certains sont brillants et captent mille choses inconnues des autres, mènent des enquêtes précises, intuitives, imaginatives et pourtant finalement exactes, aboutissant à des savoirs fascinants, comme on le voit aussi bien chez les agroécologues et permaculteurs australiens que chez les pisteurs bushmen du Kalahari. Certains, c’est comme pour tout, sont plus obtus, appliquent des recettes, s’arrêtent sur des certitudes dogmatiques, projettent des sens qui ne sont pas là, raisonnent par habitudes de pensée, par facilité, par superstition. Mais l’enquête est là, elle est partout, c’est le nom caché de la vie.”

    • Rudy dit :

      C est sûr, la monoculture qui appauvrit les sols et demande toujours plus de produits chimiques est tellement productif…il me semble que l industrie agroalimentaire a montré ses limites pour le long terme… après si ça vous dérange pas de transmettre des nappes phréatiques et des sols toujours plus pollués à vos enfants et petits-enfants, j en suis désolé pour eux. Heureusement que d autres cherchent des alternatives plus durables et qui respectent l équilibre de la nature. Un grand merci à eux.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Résoudre : *
11 + 6 =