Composez avec les racines des végétaux
Les racines des végétaux appartiennent à un monde bien éloigné de celui dans lequel nous vivons : le monde souterrain. Nous pouvons observer ces racines lors de l’arrachement du végétal, ou lors de transplantations. C’est pourquoi nous avons tendance à négliger leur importance et ce qu’elles peuvent nous apporter. Pourtant, le système complexe racinaire a une stratégie de développement propre à chaque végétal. Il est organisé et peut ainsi répondre à une problématique de votre jardin. C’est en connaissant les particularités des racines des végétaux que vous pourrez vous appuyer sur elles.
L’appareil racinaire « typique » d’une plante dans un sol meuble peut se trouver perturbé en présence d’une roche mère affleurante. Par exemple le pin qui a une racine pivotante va développer des racines superficielles sur un sol gorgé d’humidité.
Les racines servent également de réseau de communication. Grâce aux racines et leur symbiose avec des champignons, les végétaux peuvent se transmettre des informations. Ils développent ainsi des stratégies de croissance et de défense adaptées. Pour en savoir plus, immergez-vous dans la vie secrète des arbres.
La croissance des racines
La croissance d’une racine est la combinaison de deux phénomènes :
- La multiplication des cellules par division des cellules existantes ;
- L’allongement des cellules qui ne sont plus capables de se diviser (cela permet à la plante de contourner des obstacles).
Plus la plante croît, et plus son système racinaire se ramifie et se complexifie.
Les racines des végétaux sont composées de racines ligneuses (le plus gros volume) et de “poils”, racines non ligneuses. Les racines ligneuses assurent la prospection du sol et l’ancrage du végétal. Les poils s’occupent de l’absorption des minéraux et de l’eau. Ils se développent le long des racines en croissance, tandis que les anciens poils disparaissent au fur à mesure des explorations de la plante.
La progression des racines des végétaux dans les sols dépend de la génétique du végétal, mais également des conditions climatiques (humidité du sol) et pédologiques. La teneur en oxygène revêt également une importance puisque les racines en ont besoin pour se développer. Chaque sol oppose une résistance différente au développement des racines, qui est fonction de la nature du sol (teneur en argile) et la proximité ainsi que la nature de la roche mère.
Les différents types de racines
Racine pivotante
Le système racinaire pivotant développe une racine dominante, tant au niveau largeur que profondeur. L’appareil racinaire pivot est relativement vertical et favorise l’ancrage du végétal.
En région tempérée, il est courant que le végétal commence par former une racine pivotante, puis se diversifie en complétant progressivement l’appareil racinaire avec des racines fasciculées. La racine pivotante peut ne plus être détectable après quelques années (cas des saules, peupliers).
En milieu urbain, seule une minorité d’arbres développe une racine pivotante. Il en est de même pour les arbres élevés en pépinière, celle-ci étant détruite à la transplantation. Ils produisent alors de multiples pivots secondaires. N’essayez donc pas de repiquer des légumes avec une racine pivot que vous souhaitez manger (carotte, radis…).
Racine traçante
Le système racinaire traçant complète un autre réseau racinaire (pivot, fasciculé). Il est constitué de racines qui poussent à l’horizontal à faible profondeur. Les racines traçantes sont principalement une stratégie de reproduction de la plante, qui émet à partir de ces racines traçantes des rejets (drageons). Ces rejets sont identiques à la plante mère et autonomes : ils développent leur propre système racinaire. C’est le cas de la menthe, du noisetier, du lilas. Les peupliers et les résineux déploient un système racinaire traçant en cas de mauvaises conditions de sol.
Racine fasciculée
Le système racinaire fasciculé n’a pas de racine dominante, mais un réseau de nombreuses racines non ramifiées. Les bulbes ont également des racines fasciculées en faisceau. Un végétal peut cependant développer à la fois une racine pivot, et un réseau de racines fasciculées autour.
Racine adventive
Les racines adventives apparaissent sur des tiges aériennes, au niveau des nœuds. C’est le cas par exemple du maïs, dont des racines adventives poussent sur la tige avant de rejoindre le sol et ainsi participer à la stabilisation de la plante. Ce sont également les racines qui apparaissent sur la tige lors du bouturage de la plante.
Considérez les racines dans le choix des plantes
Même si les racines sont généralement inapparentes, elles constituent une partie importante de votre plante. C’est pourquoi en choisissant judicieusement vos végétaux en fonction des racines, vous pouvez tirer partie de cet élément.
Amélioration du sol
En prospectant le sol, les racines contribuent à l’amélioration agronomique du sol. Elles augmentent la porosité du sol lorsqu’elles se dégradent, permettant à l’eau et l’air de s’infiltrer. La roche mère se désagrège aussi plus vite grâce à l’énergie du vent qui se répercute dans les racines, et l’eau qui percole le long des racines.
Certains végétaux accumulent les minéraux qu’ils vont chercher plus ou moins en profondeur en fonction de leurs racines. En association avec des mycorhize, certaines plantes (pour la plupart issues de la famille des fabacées) fixent l’azote de l’air. Et les végétaux possédant des racines profondes permettent de remonter les minéraux, les rendant disponibles pour les autres végétaux en enrichissant le sol lors de leur décomposition. Le mal-aimé pissenlit, par exemple, accumule le calcium, le potassium, le phosphore et le fer. De plus, sa racine pivot peut aller jusqu’à un mètre de profondeur pour aller les chercher.
Dans votre mélange d’engrais vert, associez donc des espèces à racines pivotantes, d’autres qui fixent l’azote et qui accumulent les minéraux. Si votre sol est trop compacté (passage d’engins mécaniques lourds, sols argileux, …), plantez un engrais vert avec des plantes annuelles munies de pivots, comme la moutarde.
Association de végétaux
En associant judicieusement les végétaux en fonction de leur développement aérien, mais également de leur développement souterrain, vous pouvez intensifier les cultures sur une petite surface. Vous pouvez par exemple cultiver au pied d’un arbre au système racinaire pivotant et profond (Noyer, plaqueminier de Virginie, poirier) des petits fruits avec un système racinaire superficiel et qui ne nécessitent pas un ensoleillement trop important (cassissier, groseillier, casseillier, myrtillier,…).
Utilisez également ce principe pour le potager en carré ou les plantes en pot. Sur votre balcon par exemple, cultivez des plantes qui peuvent être associées entre elles dans un même pot.
Fixation de talus
La fixation des berges ou des talus peut se faire au moyen de plantation de végétaux appropriés, aux racines denses et fasciculées. Les berges de cours d’eau sont souvent stabilisées avec des fascines de saule pourpre. Il possède en effet des racines à la fois superficielles, pivotantes, traçantes et adventives (facilité de bouturage).
Dans les régions ventées, ou sur des talus à forte pente, des espèces avec des racines à la fois profonde (pour favoriser l’ancrage) mais également traçantes (pour résister au déracinement) sont de préférence plantées. C’est le cas par exemple du prunellier ou de l’argousier.
Terrains pollués
Pour pouvoir cultiver un sol pollué et consommer votre récolte vous avez deux possibilités :
- Dépolluer le site.
La phytoremédiation permet de dépolluer le sol grâce aux racines des plantes résistantes à la pollution, et possédant des racines étendues avec une profondeur adaptée. Les polluants organiques peuvent par exemple être dégradés avec les bactéries qui vivent en symbiose avec certaines racines. Les racines peuvent également fixer les métaux lourds et les stabiliser dans le végétal.
- Remblayer avec des matériaux sains.
Lorsque la pollution ne risque pas de contaminer une nappe souterraine, l’apport de matériaux sains peut être une solution. Il faut cultiver des végétaux avec une faible profondeur de racine pour ne pas atteindre la zone polluée et ramener des substances polluantes en surface. L’amélanchier, le framboisier sont des arbustes comestibles avec des racines superficielles (<1m).
Plantation de haies
Si vous voulez réaliser un écran végétal pour vous protéger du vent ou de la vue des gens, choisissez de préférence des espèces aux racines traçantes qui drageonnent (voire la haie façon forêt-jardin). La haie s’étoffe ainsi plus rapidement et reste dense, même après plusieurs années de plantation. Adoptez par exemple le Lilas, le cornouiller ou le sureau.