Pourquoi cultiver sous serre en permaculture ? (et autres abris)
Au potager, cultiver sous serre en permaculture permet notamment d’obtenir des légumes primeurs, d’avancer les récoltes des légumes estivaux et de prolonger la fourniture de légumes feuilles en hiver. Vous diversifiez ainsi plus facilement votre alimentation. Une serre bien isolée est également un lieu adapté pour réaliser des semis à repiquer au potager. C’est pourquoi c’est un élément souvent indispensable dans une recherche d’autonomie au potager en permaculture.
Le principe de fonctionnement de la serre, et autres abris
En journée, une partie des calories du rayonnement solaire sont piégées à l’intérieur de la serre, qu’il fasse soleil ou qu’il y ait des nuages. Grâce à cet effet de serre, la température monte. Les calories accumulées sont rendues à l’espace extérieur petit à petit. Lorsque la chaleur du rayonnement n’est plus suffisante par rapport aux pertes thermiques, la serre se refroidit.
Quant au tristement célèbre effet de serre climatique, son nom lui vient de l’analogie faite avec le réchauffement de la serre. Les gazs de l’atmosphère responsables de cet effet jouent le rôle de la paroi transparente de la serre et bloquent la chaleur autour de la terre, ce qui augmente les températures. Même si cet effet de serre nous est indispensable pour vivre sur terre, point trop n’en faut.
Serre, voile, châssis, tunnel : quel abri choisir ?
Plusieurs installations permettent de reproduire l’effet de serre au potager en permaculture. Du plus simple à mettre en place au plus coûteux, découvrez les différents abris pour protéger et avancer vos cultures.
Le voile de forçage
Le voile de culture est l’abri le plus simple et le plus économique à mettre en place. Il permet d’avancer les semis du printemps ou de protéger les cultures de faible hauteur des premières (ou dernières) gelées. Sa présence crée en effet une ambiance réchauffée et humide sur les premiers centimètres du sol, favorable à la levée des semis et à la croissance des végétaux bas. Il laisse passer l’eau de pluie, mais protège du vent et piège les rayonnements du soleil. Le voile de forçage peut cependant favoriser l’apparition de maladies cryptogamiques en se collant facilement aux feuilles pendant une période pluvieuse.
Comment : Posez le voile de forçage au sol par-dessus les semis. Ceux-ci ne doivent pas être réalisés trop près des bords. Lestez le voile avec des objets lourds(cailloux) sans tendre le voile. Relâchez-le au fur et à mesure de la croissance des végétaux et enlevez-le lorsque sa présence n’est plus nécessaire. Il se réutilise d’une année sur l’autre.
Légumes cultivés sous un voile de forçage : Semis et culture de légumes primeurs (carotte, navet), de légumes feuilles (épinard, laitue, chicorée, mâche) et de légumes précoces (fève, pois…).
Coût : Moins de 5€ par m2
Tunnels nantais, cloches et châssis
Lorsque le voile de forçage est posé sur des arceaux, on parle alors de tunnel Nantais. D’une hauteur de 30 à 60 cm, les tunnels nantais, les cloches et les châssis permettent de protéger les cultures d’arrières saison des premières gelées et d’avancer les cultures printanières. Le tunnel Nantais et les cloches sont des installations amovibles à installer en fin d’été pour les cultures d’hiver ou en fin d’hiver pour les cultures de printemps. Ils sont démontés en été. Cependant, les températures peuvent y descendre bas en plein hiver : ces installations ne protègent pas des fortes gelées. Peu d’air circule, c’est pourquoi un contrôle de la température et de l’humidité est primordial. Ces abris sont facilement adaptés à de petits potagers (jardins de ville, balcon, potager en carré).
Comment : Les arceaux ou les cloches doivent être fichés dans le sol pour résister aux coups de vent. Pour semer vos légumes frileux sous châssis, il faut augmenter l’inertie de l’installation : posez-le sur une couche chaude, adossez-le à un mur d’une habitation, isolez-le la nuit avec une couverture.
Légumes cultivés sous châssis, tunnel Nantais et cloches : Cultivez les même légumes que sous voile de forçage. Plus hauts que celui-ci, ils gênent moins le développement de la plante. Le châssis permet également de débuter des semis à repiquer au potager lorsqu’il ne gèle plus à condition d’optimiser son efficacité.
Coût : Tunnel Nantais : moins de 10€ par m2 ; Tunnel cloche : 40€ par m2 ; Châssis : 80 € par m2
La serre et la serre tunnel
La serre et la serre tunnel permettent en plus des semis et cultures de fin de saison ou début de saison, d’avancer des cultures à fort développement et qui aiment la chaleur. Contrairement aux abris précédents, la structure reste en place toute l’année et la température y monte haut en été. Une bonne aération estivale est primordiale pour protéger vos cultures. Un ombrage peut également être nécessaire dans certaines régions. La serre tunnel descend jusqu’à zéro degré et ne permet donc pas l’hivernation des cultures trop frileuses. Son installation est cependant beaucoup plus simple que la serre rigide. Celle-ci a une meilleure inertie thermique et est particulièrement utile pour la multiplication des végétaux : semis à repiquer, boutures.
Comment : Les armatures de la serre tunnel doivent être montées sur des piquets profondément fichés dans le sol, sur une surface relativement plane. Les serres rigides quant à elles sont plus lourdes et doivent être scellées sur de véritables fondations (voire sur une dalle pour les cultures hors-sol). Une déclaration auprès de votre mairie est nécessaire si sa hauteur dépasse 1,8 m.
Légumes cultivés sous serre : La serre permet de faire pousser tous les légumes des abris précédents, mais également des légumes hauts qui aiment la chaleur : tomate, poivron, pastèque, melon, concombre…
Coût : Serre rigide : 150 à 250 € par m2 ; Serre tunnel : 50 € par m2
Comment cultiver sous serre en permaculture ?
Organisez l’espace
Eh oui, même la serre mérite son petit design de permaculture. Délimitez clairement les cheminements et les espaces de cultures pour ne pas les piétiner. Les espaces de culture doivent être accessibles depuis le passage (maximum 60 cm). Réservez les endroits les plus hauts pour les légumes hauts ou grimpants. Selon la configuration de votre abri, récupérez les eaux pluviales du toit et stockez-la dans la serre. Aussi, une étagère de rangement est bien souvent indispensable pour garder le nécessaire à portée de main. Enfin, prévoyez de jolies fleurs mellifères aux ouvertures de la serre pour y attirer les insectes pollinisateurs souvent indispensables à l’obtention de légumes fruits.
Commencez petit
Pour cultiver sous serre en permaculture et autres abris, testez dans un premier temps les légumes que vous connaissez et avez l’habitude de cultiver. Vous serez plus à même d’approcher ses besoins. La première année, concentrez-vous sur quelques légumes seulement, puis diversifiez-vous avec l’expérience. Vous saurez ensuite vite comment optimiser les cultures, pour intensifier les récoltes et exploiter votre abri au maximum.
Contrôlez les conditions de culture sous serre en permaculture
Dans ce petit milieu fermé, vous êtes le facteur déterminant pour réussir vos cultures. Une ambiance trop humide avec des températures élevées favorise le développement de maladies cryptogamiques ainsi que l’étiolement de la plante. De plus, lorsque les températures sont trop importantes, la plante ferme ses stomates ce qui ralentit sa croissance. Une aération lorsque les températures montent trop est primordiale pour conserver de bonnes conditions de cultures. Un ombrage peut être nécessaire en été pour limiter la montée en température. Il doit tout de même laisser passer une lumière suffisante à la croissance des plantes.
Respectez les besoins des plantes
Les besoins des plantes doivent être satisfaits pour obtenir de belles récoltes. Les dates de semis sont différentes en fonction de votre situation géographique et de votre climat. Les espacements sont impérativement respectés pour favoriser l’aération entre les plants et l’ensoleillement dont ils ont besoin. Pratiquez les associations pour densifier les cultures et prévoyez des supports (treillis, tuteurs) pour les plantes grimpantes. Enrichissez régulièrement le sol avec du compost et un paillage organique et assurez-vous que les plantes ne subissent pas de carences du sol.
Les plantes sous serre ne bénéficient pas (ou peu) de l’eau de pluie. N’oubliez pas de les arroser selon leurs besoins. Si en hiver nul besoin d’arroser souvent, en été les arrosages doivent être fréquents. Pour limiter le développement de maladies cryptogamiques, n’arrosez pas le feuillage.
Un paillage équilibré enrichit le sol, limite l’évaporation de l’eau et don réduit les arrosages et diminue le taux d’humidité de l’air. C’est donc un bon allié dans une serre.
Le milieu chaud et humide de la serre plaît plutôt bien aux gastéropodes. Passez régulièrement les cueillir : s’il est plutôt difficile de créer un équilibre dans ce milieu fermé, les ravageurs sont cependant plus facilement maîtrisables.
merci pour ces petits articles attendus avec impatience; toujours très intéressants et très bien documentés
Merci pour les encouragements !